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Pièce Sombre :

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Salle des Archives :

Les films...
Qu'ils nous permettent de nous évader, qu'ils nous fassent rêver, rire, pleurer ou qu'ils nous irritent au plus haut point, ils sont l'émotion à l'état pur...
Alors Moa, je veux en parler, partager et avoir ton avis, Ô Hôte Curieux !

Quant à la lecture, plaisir solitaire, je découvre peu à peu que chacun recherche quelque chose de différent en ouvrant un livre... Quoi ? Telle est la question...
Je ferai ici un compte-rendu absolument pas objectif des livres qui se sont soumis à ma pupille...

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28 août 2011

De Plomb en Or

L'Alchimiste
de Paulo Coelho
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Le Livre de Poche en ce qui me concerne
189 pages
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1994
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Quand Santiago, jeune berger lettré venant d'Espagne, rêvant de voyages et de félicité, croise la route d'un vieux bonhomme à la poitrine dorée, sa vie va changer du tout au tout. S'il prenait plaisir à ses évadées lyriques et aventureuses en tournant les pages de ses livres, lorsque ce vieillard, qui se dit Roi, { oui oui, Roi !!! } lui dit que tout est possible, tout est réalisable dans la vie, du moment que tu te donnes les moyens d'atteindre ton Rêve, le Vrai, le Beau, Celui pour qui tu as été façonné, Santiago décide tout plaquer pour suivre son Étoile du Berger.
Quittant ses habitudes, partant avec ses baskets et son sac à dos, sans même une carte pour se guider, il traversera la mer et l'adversité pour se retrouver dans le désert, dans l'immensité immuable et brûlante, silencieuse, majestueuse, grandiloquente et impériale. Là-bas, il sera seul face à lui-même et son Destin, et devra trouver Sagesse et Grandeur d'Ame pour atteindre son but, pour achever sa quête...
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Quête initiatique rondement menée où les paysages andalous et arabes défilent devant nos yeux conquis, L'Alchimiste devient conte philosophique où la matérialité s'efface au profit d'une ataraxie proche de la Félicité. Epicure n'a qu'a bien se tenir, puisque le vent et le désert n'ont pas attendu l'Homme pour discuter et nous faire savoir que la Nature est bien plus puissante qu'elle n'y parait, et qu'elle encore quelque chose à dire.
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"Je suis un Alchimiste parce que je suis un Alchimiste, dit-il tandis qu'ils préparaient leur repas. J'ai appris cette science de mes aïeux, qui l'avaient apprise de leurs aïeux, et ainsi de suite depuis la création du monde. En ce temps-là, toute la science du Grand Oeuvre pouvait s'écrire sur une simple émeraude. Mais les hommes n'ont pas attaché d'importance aux choses simples, et ont commencé à écrire des traités, des interprétations, des études philosophiques. Ils ont aussi commencé à prétendre qu'ils connaissaient la voie mieux que les autres.
- Qu'y avait-il d'écrit sur la Table d'Emeraude ? demanda alors le jeune homme.
L'Alchimiste entreprit alors de dessiner sur le sable, et ce travail ne lui prit pas plus de cinq minutes. Cependant qu'il dessinait, le jeune homme se souvint du vieux roi et de la place où ils s'étaient un jour rencontrés ; cela semblait remonter à des années et des années."
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Et si le Trésor Ultime que nous recherchions était tout simplement le Bonheur ?
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"C'est justement la possibilité de réaliser un rêve qui rend la vie intéressante."
Dire que dans une autre vie, lorsque les murs de la Taverne étaient rougeoyants, nous disions souvent qu'il était fort possible que le Graal était le chemin qui menait à lui... En fait, je suis la Sagesse incarnée... 
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Médite là-dessus, petit scarabée...

8 août 2011

Vie de Fonctionnaire

Absolument dé-bor-dée, 
ou le paradoxe du fonctionnaire
de Zoé Shepard
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Albin Michel
301 pages
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mars 2010
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Dans un domaine nettement moins métaphysique que ce qui suit, voilà le fameux récit d'une employée de mairie qui clame haut et fort son raz-le-bol. "Comment faire les 35h en un mois", tel est le fameux bandeau rouge qu'elle se paie au passage. Que du grand et du glorieux au programme donc...
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Pourtant, avant de pouvoir se vanter d'entrer dans la sacro-sainte arène des élus territoriaux, quand on ne connait pas déjà quelqu'un qui y est confortablement installé, cela va sans dire, il faut passer par Douze Travaux Herculéens, par des concours d'écrits et d'oraux aussi inutiles que non représentatifs (mais de ceci, nous avons l'habitude) que l'on a une chance de voir la porte d'accès uniquement lorsqu'on sort de plusieurs années d'études supérieures en Science Po et compagnie. C'est du moins le cas de l'auteur. Pas une sélection pour faire les vendanges de septembre quoi !
Et si vous réussissez à taper dans l'œil du jury, ce grâce à votre verve et à votre parfaite utilisation de la "licence poétique", enfin, vous entrez dans l'arène et faites partie de la plus grosse bande d'incompétents qui trônent dans le Palais du Maire...
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Pour sûr, Zoé Shepard ne se mouche pas dans les rideaux de sa grand mère ! Elle taille et re-taille un portrait fort peu glorieux de ceux qui récoltent "les deniers publics" dans l'unique but de nous ponctionner. Parce qu'« incompétence » est un bien faible mot face à ceci. Quand on voit ce qu'on voit, on a raison de penser ce qu'on pense ! J'te l'dis comme ça vient.
Entre journées de glandouille et pause café, son temps de travail est rentabilisé par quelques moments passés à lécher les bottes de ses supérieurs et faire tout ce qui est en son pouvoir pour rectifier leurs notes de frais qui sont en réalité le prix de call girl et autres réjouissances nocturnes passées.
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Ça fait peur.
Et aussi bizarre que ça puisse paraitre, ça ne donne pas vraiment envie de bosser dans un pareil environnement, où ce sont les plus cons qui sont nommés chef de service, et où on te retire un dossier dans lequel tu t'es investi à fond pour éviter de faire passer ton maire pour le dernier des imbéciles, pour la simple et bonne raison que tu as refusé d'engagé la nièce de la cousine de la chef.
M'enfin, c'est malheureusement notre politique...
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Outre cela, une lecture qui se boit comme du petit lait, tant le langage employé est d'une beauté métaphorique surprenant.
Pas mal sur le moment, même s'il risque de passer dans ma mémoire comme une pluie de printemps sur un champs d'asperges.

Deuxième Apocalypse

Roman de SF
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La Forêt de Cristal
de J.G. Ballard
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J'ai Lu
215 pages
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1989
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Seconde lecture personnelle du cycle apocalyptique de Ballard, mais non second livre de l'homme.
Ici, point de cendres et d'explosions dignes de Bruce Willis, nous sommes face à la fin du monde. Si je le dis aussi calmement, c'est pour la simple et bonne raison que tout ce passe en douceur.
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C'est en suivant le Docteur Sanders qui voyage vers Mont-Royal que nous assistons au doux désastre. Là-bas, il se trame quelque chose, qui serait censé inquiéter les gens... La forêt se cristalise. Oui oui, cristalise, comme je te le dis ! D'abord une mince couche cristaline couvre les arbres, le sol et tout ce qui s'y trouve, puis la mince couche se solidifie, s'amplifie et ne fait aucune différence entre végétal, animal ou humain. Puis le phénomène s'étend... lentement mais sûrement...
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Et Vl'a que personne ne s'inquiète ni ne s'affole, même lorsqu'un corps à moitié recouvert de la texture de cristal est retrouvé dans le fleuve et semble presque encore en vie, en dessous de sa cuirasse... 
Même lorsque la curiosité, qui a poussé le docteur Sanders a entreprendre quelque recherche dans ladite forêt, amène ce docteur face à un crocodile prit dans les griffes de l'Apocalypse dont les yeux aveugles sont devenus rubis et dont le coeur encore chaud fracasse à tout rompre le corps immortalisé de l'animal innocent et immobile, premier témoin et victime de l'Après... 
Même lorsque ce même docteur découvre avec horreur et fascination son pilote prit au piège, le libère et le retrouve le corps à vif désirant plus qu'ardamment retourner dans son carcan divinement immortel sans pouvoir afficher d'autre volonté que vivre ce sommeil de mort vivant.
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Un monde en pause, incroyablement silencieux et pétrifié.
Voilà ce qu'on nous propose ici.
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Mais c'est sans compter sur une intervention du Divin qui, s'il n'explique pas les choses, les interprète et les emmaillote.
Du coup, j'ai nettement moins accroché à cette version. Peut-être est-ce parce qu'on assiste à une fin du monde à proprement parlé et qu'on n'en sait pas plus sur le pourquoi du comment ; peut-être parce que la population accepte les événements sans broncher, mieux : avec une résignation à la limite de l'adoration divine basée sur une sensation profonde,  une fascination inexplicable, une fugace intuition gravée dans la mémoire collective de toucher ici l'Eden premier.
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Peut-être que mon esprit accepte de se représenter beaucoup de choses, mais rejette sans réfléchir d'autres. La Forêt de Cristal, j'en ai peur, s'est dirigé lentement mais aussi sûrement que la progression de sa transformation du monde, vers ces figurations littéraires que je ne peux concevoir...
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Ceci dit, voilà que je me relis et que je réfléchis à tout ça. Sur le moment, il est vrai que ce n'est pas ainsi que je voyais l'Apocalypse, que l'acceptation docile et admirative des forces de la Nature (ou d'une intervention divine visant à récompenser les hommes en leur offrant le Paradis, ou du moins, cette volonté de croire à cela ) n'entrait pas en ligne de compte, mais en y pensant sérieusement, c'est une manière rudement gonflée de nous présenter la Fin comme un Renouveau...
Oui, rudement gonflée...